En ce mois de rentrée, alors que d’aucuns cherchent à flinguer le Décret Inscriptions, il était essentiel de refaire le point sur celui-ci en revisitant ses objectifs majeurs – l’égalité et la mixité sociale. Et cela d’autant plus que nombre d’évaluations biaisées tendent à faire l’impasse sur ceux-ci ou à les discréditer au nom d’arguments fallacieux.
De plus, alors que tout le monde s’accorde à faire un constat alarmant quant à l’augmentation des injustices sociales qui défigurent notre société, vouloir abolir le décret Inscriptions a, pour le moins, de quoi laisser pantois ! L’école étant le dispositif par lequel la société se (re)produit, il va sans dire que pareille mesure serait de nature à accentuer davantage les injustices plutôt que de contribuer à les résorber.
Les contempteurs du décret actuel lui reprochent de ne pas avoir atteint complètement son objectif en termes de mixité sociale. Mais comment l’aurait-il pu, puisque jusqu’à présent il ne régule les inscriptions qu’à la marge, c’est-à-dire à l’entrée de la seule 1e année du secondaire ? Sans compter qu’il ne s’agit que de la 1e année secondaire commune, le décret ne prenant pas en considération les élèves les plus en difficultés (ceux qui n’ont pas eu le CEB), et qui se trouvent relégués dans les classes différenciées dont le prescrit légal ne tient aucun compte !
Cette faible régulation à l’entrée du secondaire ne pouvait donc pas à elle seule enrayer les discriminations et l’arbitraire qui caractérisent notre système de quasi-marché scolaire. Les inégalités sociales générées et renforcées par notre enseignement – et pointées du doigt depuis tant d’années par les enquêtes internationales PISA – ne pourraient encore qu’amplifier dramatiquement si toute régulation venait à disparaître.
L’attaque exercée à l’encontre du décret Inscriptions est d’autant plus pernicieuse et trompeuse qu’elle vient se dissimuler derrière la prétendue « liberté » du choix de l’école. Or, soyons clairs, dans une logique de marché la liberté n’est rien d’autre que la liberté des plus forts, ou en d’autres termes la protection et la défense de leurs seuls privilèges, au détriment des dominés du système (principalement les milieux populaires).
Dire oui à la mise en place d’un vrai décret Inscriptions, c’est refuser la sélectivité et la discrimination au profit d’une école émancipatrice et citoyenne, – qui régule ses inscriptions dès le fondamental et tout au long du parcours de l’enseignement obligatoire.
En conséquence : la véritable régulation, c’est pour quand ?
Chantal Massaer, Directrice
Infor Jeunes laeken