enseignement supérieur étudiants, News

Nouvelles règles de finançabilité : pression sur les étudiants dès la rentrée

Pour pouvoir se réinscrire en 2024-2025, chacun devra respecter le nouveau dispositif. Dans l’intervalle, cafouillage, manque d’infos et stress accompagnent la réouverture des auditoires.

”Nous sommes submergés !” Chantal Massaer dirige l’antenne d’Infor Jeunes à Laeken. Elle confirme que les nouvelles règles de réussite dans l’enseignement supérieur sont loin d’être claires pour tout le monde. “Dès qu’on s’éloigne des grands axes, on tombe dans une multitude de cas particuliers à n’en plus finir…”

Pour ne rien simplifier, certains établissements ont choisi d’anticiper les nouvelles règles, même pour des étudiants relevant encore, pour le moment, de l’ancien système. “Les sites se contredisent, je ne comprends plus rien et je suis très stressée”, écrit cette étudiante sur une plateforme… On peut parler d’un certain cafouillage. “Il arrive que les infos données aux étudiants par les secrétariats soient incorrectes, confie Julien Deschamps, un des conseillers d’Infor Jeunes Laeken spécialisés dans cette question. Les jeunes arrivent ici, on revérifie tout avec eux en partant du décret, et on les aide à rédiger un courrier pour corriger leur situation.”

”Chaque réponse était plus vague et différente”

Pire : les infos peuvent être contradictoires, d’un jour à l’autre, preuve que les équipes administratives sont elles aussi, parfois, dépassées. “J’ai reçu plusieurs réponses contradictoires quant à ma réinscription cette année, raconte Emilie (une 3e inscription, en l’occurrence). Je me suis réorientée l’année dernière et j’ai raté un cours (4 crédits) de bac 1, tout en ayant validé plusieurs cours de deuxième. J’ai contacté tout le personnel possible et chaque réponse était plus vague et différente. Je me suis donc inscrite en bac 2. Finalement, une conseillère m’a expliqué que j’étais sous l’ancien décret en ce qui concerne la finançabilité, mais sous le nouveau pour l’inscription. J’ai donc finalement dû m’inscrire en bac 1 mais je peux suivre tous les cours qu’il me reste en deuxième.”

Comment en est-on arrivé là ? “Ce qui pose problème, confie Julien Deschamps, c’est la co-existence des anciennes règles et des nouvelles. Plus personne ne semble savoir s’il relève des unes ou des autres. Comme les nouvelles règles sont plus sévères que les anciennes, ce n’est pas un détail.”

Pour pouvoir s’inscrire en 2024-2025

Pour rappel :le nouveau système est entré en vigueur l’année passée (2022-2023) pour tous les étudiants qui arrivaient en première année, l’ancien système restant en principe d’application pour les autres. Seulement, d’ici l’année prochaine (pour pouvoir s’inscrire en 2024-2025), chacun devra être en conformité avec le nouveau dispositif, où qu’il en soit de son parcours.

Concrètement, les nouveaux délais interdisent une 3e inscription en Bac 1 (où on reste automatiquement faute d’avoir réussi tous les cours), ainsi qu’une 5e inscription sans avoir validé au moins 120 crédits, et une 6e inscription en bachelier. Une inscription supplémentaire est toutefois autorisée en cas de réorientation. Pour le master, 2 inscriptions sont autorisées pour décrocher 60 crédits, et 4 maximum pour valider les 120.

”Beaucoup d’étudiants sont déjà arrêtés”

La pression est donc maximale pour certains dès cette rentrée. Un étudiant qui s’inscrit pour la 5e fois doit boucler les 180 crédits du bachelier complet, celui qui s’inscrit pour la 4e fois doit valider au moins 120 crédits, et celui qui s’inscrit pour la 2e fois doit réussir les 60 crédits de Bac 1. Si ces conditions ne sont pas remplies, l’étudiant deviendra non finançable et dans l’impossibilité de se réinscrire pendant cinq ans.

“Certains étudiants sont dans l’obligation de réussir maintenant des choses irréalisables”, constate encore le conseiller, qui passe ses journées à chercher des solutions avec eux.

Sans entrer dans tous les détails, on peut rappeler qu’il existe des exceptions aux règles de base citées ci-dessus. Une possibilité consiste aussi à aller suivre un an de cours en promotion sociale pour revenir ensuite dans son cursus initial, “mais les nouvelles règles ne sont pas claires à ce propos, d’où beaucoup d’incertitude sur le terrain”. Il existe enfin une possibilité de dérogation. “Par courrier, parfois suivi d’un rendez-vous, l’étudiant tente de montrer sa motivation pour décrocher une nouvelle chance. Chaque établissement a un budget pour financer sur fonds propres les étudiants non-finançables : ils choisissent les profils qui leur semblent les plus aptes à réussir.” Mieux vaut cependant ne pas trop compter là-dessus à la base… “Beaucoup d’étudiants sont déjà arrêtés”, conclut le spécialiste d’Infor Jeunes qui s’attend à pire encore d’ici un an, au moment de la grande mise en conformité