La rentrée ça roule ! Plein d’envie et de motivation, vous vous apprêtez à entamer une nouvelle année scolaire. On aimerait tous qu’à la vielle de la rentrée, les enfants, les jeunes, soient animés par cet état d’esprit. Mais pour de multiples raisons, ce n’est malheureusement pas toujours le cas.

L’école est encore investie par de nombreux parents – en ce compris dans les milieux populaires – de rêves d’épanouissement et d’accomplissement d’un futur meilleur. Si ce futur meilleur s’est en partie dérobé pour les parents, ils voudraient toutefois en faire bénéficier leurs enfants.

La précarité et l’insécurité qui touchent les familles d’enfants “sans papiers” ne sont pas sans incidence sur la scolarité de leurs enfants. Aux problèmes matériels récurrents, aux perspectives d’avenir tenues, vient encore se surajouter la crainte que, sur le chemin de l’école, dans les métros, les trams et les bus, les enfants et les jeunes puissent être interceptés. Au mépris du droit, la réouverture de centres fermés à destination de familles vient renforcer ces craintes, et mettre en péril leur droit inconditionnel à l’éducation.

Hors, nul ne peut l’ignorer : le droit à l’éducation est un droit fondamental dévolu à tous les êtres humains, et si presque personne ne songe à le contester, dans les faits il peut être menacé ou rendu difficilement opérationnel.

La convention des droits de l’enfant stipule en son article 28  que : “l’éducation permet d’assurer la formation et le développement des personnes. Dans ce cadre, une attention particulière doit être accordée aux enfants les plus vulnérables”. Ce droit se double d’une obligation : en Belgique, la loi dispose que « l’obligation scolaire porte sur tous les mineurs pendant une période de douze année, domiciliés ou résidant sur le territoire belge et ce sans distinction de statut ».

Si les textes sont clairs, le climat général qui prévaut à l’égard des “sans-papiers” et les pratiques en cours ne permettent pas d’envisager la scolarité des enfants dans la sérénité nécessaire. Bien au contraire, l’inquiétude fait partie du quotidien des familles “sans papiers” qui emmènent ou envoient leurs enfants à l’école.

Les contrôles intimidants qui se multiplient dans les transports en commun concourent à cet état de fait. En effet, de plus en plus souvent, les contrôles STIB sont doublés de contrôles policiers.

Ce mélange des genres génère un malaise palpable au sein de la STIB. Dans une lettre ouverte, des travailleurs ont exprimé leur indignation et leur inquiétude : « Nous sommes au service de l’ensemble de la population, transporter des enfants sans papiers jusqu’à leur école fait partie de nos missions. C’est inhumain, indigne du service public que nous incarnons, honteux pour l’image de notre entreprise publique. Et cela peut engendrer encore plus de risques et d’agressivité à l’encontre de tous les agents de la STIB. »

Forts de leur humanité, ces travailleurs nous invitent à plus de solidarité et mettent à mal le pseudo-impératif de sécurité qui guiderait toute les actions de contrôle dans les métros, tram ou bus.

En effet, la sécurité est devenu l’argument-phare qui est opposé à toute critique de ces actions. Ne nous laissons pas abuser : il est juste totalement contre-productif pour la démocratie et la sécurité de mettre à mal le droit à l’éducation !

Et c’est très justement que la députée Zoé Genot pose la question parlementaire suivante : « Pourquoi la STIB se retrouve-t-elle impliquée dans des opérations qui ne relèvent nullement de la sécurisation de leur réseau mais bien d’opérations migratoires de la majorité fédérale ?»

Il est effarant de constater que des droits fondamentaux des enfants sont bradés en surfant sur la peur bien compréhensible et légitime ressentie par la population suite aux attentats. Cruelle ironie : les actes de terreur perpétrés dans nos transports en communs portent menace sur les droits humains et génèrent une politique liberticide. Une politique qui s’embarrasse peu de morale, et qui joue – inconscience ou cynisme ? – avec les symboles. Le rail doit conduire vers l’éducation, pas vers l’expulsion, !

Qui sommes- nous donc en train de devenir pour que dans le silence, l’indifférence ou la peur nous laissions de telles pratiques s’opérer en notre nom ?

Trop peu de voix s’élèvent face à l’innommable. Modestement, mais avec détermination, Infor Jeunes Laeken a décidé de soutenir tous ceux qui résistent, qui veulent un autre avenir pour tous les enfants.

C’est la raison pour laquelle le 24 juin, nous avons embarqué dans le tram 51 et mené avec d’autres associations une action symbolique et conviviale en faveur du droit inconditionnel à l’éducation. Armés de sourires, de fleurs, et de brochures, nous avons discuté avec les usagers de la nécessité de nous porter garants du droit à l’éducation. Durant cette action, soutenue par la prestation d’acteurs donnant vie à notre marionnette Marie -Dounia (égérie des droits des jeunes), nous avons rencontré beaucoup d’intérêt et de sympathie pour cette cause. Des usagers, et parfois plus discrètement des chauffeurs, nous ont manifesté leur soutien.

Ne laissons pas les familles, les enfants, seuls face à l’arbitraire !

Soyons la démocratie, luttons pour le respect du droit fondamental à l’éducation.

N’oublions jamais «Qu’aussi différent que puissent être l’autre, l’autre est un autre nous-même»  (Christiane Taubira). Et ce afin d’affirmer, sans ambiguïté, que l’autre est notre égal en dignité et en humanité.

 

Chantal Massaer, Directrice

Infor Jeunes Laeken

 

 

 

 

 

 

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