images (1)« Il ne faut pas dire aux enfants que ça ne se reproduira plus » (Marie Rose Moro, psychiatre).

Suite aux attentats, les enfants font face à une situation à laquelle ils ne peuvent ni donner sens, ni établir de comparaisons. Ils se confrontent à la question de la culpabilité, à la question du bien et du mal, ils ont besoin de savoir catégoriser. Ils adoptent ainsi une sorte de réflexion morale, éthique. Ils sont en train de construire un jugement.

Aujourd’hui, ils sont porteurs de blessures invisibles et, s’ils ne sont pas apaisés, consolés, cela peut avoir des conséquences sur leur développement. Après avoir vécu les attentats de Charlie Hebdo, le traumatisme se répète à nouveau. Il y a un effet cumulatif, avec des questions et des angoisses qui n’étaient pas forcément présentes la première fois. Actuellement, les enfants sont dans l’idée qu’un tel événement peut se reproduire à n’importe quel moment. Cela peut être difficile à cicatriser.

Ces dernières semaines, on voit ou on entend souvent des mots tels que « guerres ». Est-on en guerre ? Les politiciens et les médias utilisent ces termes presque chaque jour. Oui, il y a quelque chose qui se passe qui est de l’ordre d’une violence insupportable mais les terroristes ne sont pas une armée.

Selon la convention de Genève (2 août 1949), les actes du 13 novembre 2015 sont considérés comme des violations graves, puisqu’une des parties en conflit s’en prend volontairement à des cibles non militaires. La charte de Londres les a désignés comme « crimes de guerre ».

Beaucoup de questions pour beaucoup de mots ; « état d’urgence », « radicaux », « djihadistes », « insécurité ». Les médias et politiciens abusent-ils de ces mots ? En profitent-ils ou en jouent-ils ? Dans notre histoire passée, nous avons déjà connu des situations similaires où certains usèrent du populisme et de la peur, parfois même en montant les gens les uns contre les autres… Aujourd’hui, ils veulent nous faire croire que nous échangeons sécurité pour liberté, et que nous trouverons la paix que nous désirons tous. Nous savons que nous vivons dans un monde où la haine et la guerre sont puissantes et contagieuses. Les droits humains sont menacés partout dans le monde. Il est important de ne pas prendre toutes les paroles des médias comme argent comptant. Il est certes normal d’avoir peur face à la violence et d’être triste aussi parce que les gens meurent. On a le droit de pleurer mais on a aussi l’obligation de dépasser la peur.

Le lundi suivant les attentats, des enseignants témoignent et expliquent leur position face aux enfants dans les écoles. Ils ont accueilli les élèves, les ont écoutés, avec leurs angoisses ou leur révolte et ont tenté de restituer les événements dans leur contexte. Par exemple, le fait qu’il s’agit bien de personnes qui ont tué d’autres personnes. Que d’autres encore, des personnes courageuses, en ont sauvé.

Par ailleurs, un des éléments qui revenait souvent dans leurs témoignages est que ces événements concernent tout le monde en France, tous les Français, même les Français nationalisés.

Pour la plupart des jeunes, il y a beaucoup de confusion mêlée aux images qui tournent en boucle sur les chaînes d’information. Pour les élèves les plus grands, la peur se situe justement dans ces amalgames.

Un autre professeur a proposé à ses élèves de poser des questions en laissant répondre les élèves qui le souhaitaient. Il a voulu offrir un espace de parole libre où chacun devait s’adapter aux différentes questions.

Dans cette approche éducative, il est important de parler de solidarité, des victimes de la violence, mais aussi du vivre-ensemble, des valeurs, et d’humanité. L’école ne peut répondre à elle toute seule à tous les maux de la société.

Lutter contre le terrorisme, c’est le comprendre ; comprendre pourquoi un jeune homme de 20 ans pense que son bonheur sur terre réside dans sa mort en causant celle d’autres personnes…

José Pombo

Stagiaire à Infor Jeunes Laeken

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