En cette veille de rentrée des classes, nous avons décidé de consacrer ce nouveau numéro de “Journal de classe” au manque structurel de places dans l’enseignement à Bruxelles.
Le droit à l’éducation est un droit fondamental. Il ne viendrait à l’idée de personne de le contester. Pourtant, force est de constater qu’aujourd’hui, à Bruxelles ce droit n’est pas toujours effectif. Il arrive de plus en plus souvent que des parents en situation de désarroi s’adressent à nous afin de les aider à trouver une place pour leur progéniture.
La situation est devenue à ce point critique qu’une plate- forme bilingue intitulée “Ieder kind een stoel – Une place dans une école qui a de la classe” s’est constituée afin d’ester en justice. A l’heure actuelle, elle recueille des fonds et construit avec ses conseils sa stratégie politique. Pour en savoir plus : n’hésitez pas à lire les articles consacrés à ce sujet.
Le boom démographique que connait la région bruxelloise est particulièrement marqué dans les communes du “croissant pauvre”.
L’enjeu est donc de taille. Et, en effet, il serait invraisemblable que le manque de places de qualité vienne renforcer les inégalités qui marquent notre système scolaire ! Pourtant ce risque existe.
Car, créer des places ne saurait suffire. Encore faut-il que l’infrastructure collective suive. Nous ne voulons pas de classes dans des containers ou autres variantes : dans les caves ou couloirs. Nous ne voulons pas d’écoles mammouths ! Lorsque de nouvelles classes sont créées, il importe que les enfants bénéficient de cours de récréation et de cantines suffisamment grandes. Les sanitaires doivent également être adaptés, sans quoi des problèmes d’hygiène et de bien – être ne manqueront pas de se poser. Outre les questions d’infrastructure, on déplore aussi une pénurie de professeurs formés au plan pédagogique.
Si l’ensemble du système scolaire à Bruxelles est marqué par la pénurie, il est néanmoins des situations plus problématiques que d’autres. Nombre d’enfants ne trouvent pas de place en maternelle : certes, l’école maternelle n’est pas obligatoire, mais pour des enfants qui ne parlent pas le français il est crucial qu’ils intègrent l’école rapidement ! De même, pour les primo arrivants : il n’est pas toujours aisé de trouver une classe DASPA ( classes-passerelles).. Nous en avons fait la triste expérience.
Enfin, nous avons eu à connaître des situations où des enfants à besoins spécifiques n’ont pas trouvé de places dans l’enseignement spécialisé. Nous ne pouvons que déplorer le fait qu’à nouveau ce sont les plus précaires qui essuient les plâtres.
Les autorités connaissent la problématique, mais semblent ne pas en saisir l’ampleur.
Aujourd’hui déjà, la situation est plus que tendue. Si l’on se projette à l’horizon 2025 ou 2030, elle est carrément angoissante.
Chantal Massaer, Directrice
Infor Jeunes Laeken