Bravant le froid et le stress, Marie-Dounia, l’égérie de la campagne Marguerite, s’est lancée dans la grande aventure : s’inscrire en première secondaire !
C’est accompagnée de son papa qu’elle a franchi les grilles d’une école réputée de la région bruxelloise. S’inscrire dans une école, c’est, consciemment ou non, dessiner le futur de son enfant. Le moment est donc propice aux interrogations existentielles. Tout en réaffirmant l’amour profond qui le lie à sa fille, le père de Marie-Dounia se laisse aller à quelques confidences : “ma fille, je t’aime de tout mon cœur mais cela ne m’aurait pas déplu d’avoir un garçon et tu sais quoi, je l’aurais appelé André..”.
Sonder l’âme humaine réserve toujours des surprises. Quelles sont les ressorts qui nous font agir ? D’André à Saint André, il n’y a qu’un pas que Marie-Dounia et son papa franchissent allègrement.
Munis du formulaire unique d’inscription, Marie-Dounia et son père se présentent au secrétariat. On leur en avait parlé, mais ils ne voulaient y croire : l’institut réclame un surcroît d’informations. Selon l’école, il conviendrait donc de répondre à toutes les questions contenues dans le bien nommé formulaire de renseignements : quelle est la profession et le statut du père et de la mère ? Quelle est le pédigree et le cv de l’étudiant ? L’enfant a-t-il des problèmes qui peuvent affecter sa scolarité (asthme, dyslexie, gaucher, et.) ?
Afin de ne pas se tromper et avant d’ouvrir ses classes, l’école mène l’enquête et passe la vie de Marie-Dounia et de sa famille – jusqu’à ses ancêtres – au crible !
Marie-Dounia et son père en restent pantois, éberlués voire ébranlés ; ce n’est pas dans ces termes-là qu’ils pensaient « être acteur » d’un dialogue constructif avec l’école.
On sait tous qu’apprendre à dire non, fait partie du développement psychique de chacun. Mais si on souhaite une relation confiante et sereine avec l’école, ce qui est légitime, il n’est pas acceptable que celle-ci démarre dans des termes conflictuels.
Aux questions administratives, voire intrusives de l’école, s’ajoute l’incontournable problématique des frais scolaires. Payer pour assister à la messe, ainsi que pour être éclairé et chauffé à la cantine, est-ce bien normal ? Notre enseignement n’a-t-il pas vocation à être gratuit ? N’est-il pas financé par la collectivité ? Par l’Etat, afin d’assurer un enseignement de qualité pour TOUS ?
Du vent dans les voiles, une marguerite à la boutonnière, nous sommes nombreux à ne pas vouloir rendre les armes. Pour qu’enfin, en toute confiance, des étoiles dans les yeux, nos enfants puissent prendre le chemin de l’école de la réussite.
Chantal Masser
Directrice d’Infor Jeunes Laeken