Depuis de nombreuses années Infor Jeunes Laeken s’engage en faveur d’une école inclusive. C’est-à-dire une école qui intègre les jeunes issus de milieux populaires, les jeunes porteurs de troubles d’apprentissages et du comportement, ainsi que les jeunes relégués vers l’enseignement spécialisé ou vers l’enseignement technique et professionnel.

En effet, dans le primaire, la sélection sociale s’exerce depuis belles lurettes en reléguant les cas réputés “difficiles” vers l’enseignement spécialisé (et plus particulièrement dans le type 8 – troubles de l’apprentissage, type 3 -troubles du comportement et type 1 – retard mental léger). Tandis que dans le secondaire, la sélection s’effectuera à l’issue du 1e degré en orientant les élèves vers les techniques ou le professionnel où ils feront des choix d’option et de métier par défaut (puisqu’ils auront été déclarés inaptes à poursuivre dans l’enseignement général) .

Ce public des élèves relégués est celui des jeunes les plus fragilisés. Ce sont pourtant ceux pour lesquels l’école incarne encore un rêve d’émancipation sociale et de tremplin possible vers un avenir meilleur !

Dans un tel contexte, c’est peu dire que les informations qui nous parviennent concernant la Déclaration Politique Commune (DPC) sont inquiétantes.

Il semblerait, en effet, que le tronc commun soit dénaturé tandis que le décret inscription serait tout simplement abandonné.

Tout cela au moment où la situation de l’enseignement à Bruxelles demeure particulièrement préoccupante : la ségrégation sociale y règne plus que jamais en maître, tandis que les inégalités continuent à se creuser.

Abandonner le décret inscription, c’est renoncer au seul outil de régulation existant et réouvrir toute grande la porte au marché scolaire pur et dur. C’est à dire à la loi du plus fort -qui n’est autre que celui qui dispose des bons « codes » et des bons réseaux. Cette réalité du marché scolaire avec ses effets ravageurs est le plus souvent occultée dans le discours ambiant par l’utilisation d’éléments de langage tels que « libre choix des parents » ou « autonomie des établissements »…

En conséquence, il serait totalement incompréhensible que les progressistes puissent acquiescer à des choix de société qui condamnent la jeunesse en accentuant la loi de la jungle au sein du système.

Nous espérons que dans les jours qui viennent les acteurs politiques mettront tout en œuvre pour favoriser la mise en place d’un.e Ministre de l’Education qui sera  en capacité de poursuivre une politique qui allie vivre ensemble, mixité sociale et réussite scolaire de tous.

Faute de quoi, il est à redouter que des générations d’élèves soient sacrifiées. Et que nombre de ces jeunes se perçoivent encore davantage comme citoyens de seconde zone qui tourneront définitivement le dos à nos idéaux démocratiques.

Nous revenons sur ces enjeux cruciaux en consacrant ce nouveau numéro de Journal de Classe aux moments forts qui ont accompagné l’implémentation du décret inscription ainsi qu’aux actions de sensibilisation menées par Infor Jeunes Laeken dans la foulée du décret.

Eric Bruggeman

Infor Jeunes Laeken

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