La crise du covid-19 a amené le ministère de l’enseignement à suspendre les cours dans tous les établissements scolaires. La ministre a été claire :
Le travail à domicile est autorisé, mais il est balisé pour assurer une égalité devant les apprentissages :
– Pas de nouveaux apprentissages
– Le travail à domicile doit pouvoir être réalisé en parfaite autonomie par l’élève
– Le travail à domicile ne peut pas être coté
– Si l’enseignant recourt à des modalités d’apprentissage en ligne, il doit s’assurer que chaque élève de sa classe a accès aux informations
Ce sont là des mesures saines qui veillent, en cette période de crise sanitaire, à ne pas creuser davantage les inégalités qui marquent durement notre système scolaire, tout en maintenant un lien pédagogique avec l’école dans les conditions particulièrement difficiles que nous connaissons.
En phase avec cette situation inédite, notre partenaire l’Aped a publié des articles fort intéressants concernant l’accentuation des inégalités que cause l’enseignement à distance. Notamment, parmi ces articles, une réponse à l’opinion de deux “experts” publiée dans La Libre concernant les mesures prises par la ministre de l’éducation
Car l’enseignement à distance, s’il offre des ressources certaines, ne remplacera jamais le contact sensitif ni la construction des savoirs à l’intérieur d’une dynamique collective qui ne peut se déployer qu’à l’école .
En effet, on n’apprend jamais seul, fût-ce avec un coach. A l’heure de l’école inclusive, il y a lieu de ne pas oublier l’importance du groupe-classe dans la construction des savoirs et le rôle majeur des apprentissages coopératifs en présentiel dans les écoles.
Il ne faudrait pas non plus oublier que l’école n’est pas simplement un lieu de transmission des savoirs, elle est aussi et surtout le lieu d’une expérience socialisatrice qui va donner sens aux apprentissages.
Enfin ne perdons pas de vue que l’environnement familial où l’enseignement à distance s’exerce, n’est pas le même pour tous – et c’est le moins qu’on puisse dire ! Le foyer familial de parents ayant une formation universitaire et un niveau de vie aisé n’a rien à voir avec celui d’une famille de milieu populaire – tant au niveau des équipements technologiques et matériels que des possibilités de soutien et de suivi pédagogique des enfants.
Cette importance de l’environnement et des inégalités qui en découlent est vrai également dans l’enseignement supérieur. Ecoutons à ce propos Edouard Delruelle, prof de philosophie politique (ULG) et ancien Directeur d’UNIA, dans la vidéo sur ce numéro de Journal de Classe. Des étudiants qui avaient l’habitude d’étudier leurs cours en bibliothèque ou à la cafétaria de l’université ou de l’établissement supérieur, n’ont aujourd’hui plus cette possibilité et sont parfois bien à l’étroit dans un espace familial exigu et bruyant alors que d’autres disposent de maisons spacieuses avec plusieurs pièces dotées d’un matériel technologique up-to-date.
De plus, il faut se rappeler que, contrairement à l’enseignement obligatoire, l’enseignement supérieur aborde de nouveaux apprentissages via l’enseignement en ligne (les stages quant à eux font l’objet de dispositions particulières – NB : les stages sont maintenus et relèvent de la responsabilité du lieu d’accueil du stagiaire cf. Circulaire n°7517 du 18/03/2020)
Certains points cependant restent encore actuellement en suspens, principalement les modalités pratiques relatives aux examens…
Vous pouvez compter sur Journal de Classe et Infor Jeunes pour vous tenir au courant de l’évolution de la situation. D’ici-là, bon courage à tou.te.s.
Eric Bruggeman
Infor Jeunes Laeken