comme-les-grands-il-faut-emarger-apres-le-vote-photo-celine-gillot-1476447256Le droit scolaire est-il soluble dans l’école ? Notre quotidien  est désormais  rythmé par de trop nombreuses interpellations de parents et/ou de jeunes concernant l’exercice de la démocratie à l’école. L’école serait-elle devenue une zone de non-droit ? Exagéré, fort de café, diront certains ! Quand vous n’avez à connaître que des dysfonctionnements, votre vision de la réalité est alors nécessairement tronquée.

Certes  c’est vrai, toutefois l’âpreté de certains témoignages, l’anxiété, voire l’angoisse qui se saisit des familles ne saurait mentir. Dans les coulisses de notre système scolaire, se tissent trop souvent des déconvenues, des drames qui hypothèquent le futur. Voir son inscription être refusée, être l’objet d’une exclusion, ne pas pouvoir faire face aux frais scolaires, être relégué dans l’enseignement spécialisé ou dans le professionnel, c’est souvent se voir refuser une place : sa place dans la société.

A force d’être considéré comme un surnuméraire, un rebut voire un déchet  juste bon à fréquenter une école poubelle, se forge un sentiment de déshérence. Les liens sociaux se délitent, le contrat social implicite qui nous permet de faire société n’est plus considéré comme crédible. Le besoin de reconnaissance est un besoin fondamental lorsque celui-ci n’est pas rencontré. Il ne faut donc pas s’étonner que l’horizon s’obscurcisse et que d’aucun se laisse séduire par des forces mortifères.

En écrivant ces lignes, je ne joue pas les oiseaux de mauvaise augure qui se complaisent dans une  vision psychodramatique du monde. Je porte la conviction que les inégalités, les échecs et la discrimination qui marquent le système scolaire ne sont pas suffisamment pris en considération. Si ces réalités sont connues au plan académique, leurs effets néfastes sont totalement sous estimés par le politique.

Qu’on ne s’y trompe pas : tant en Europe qu’aux Etats-Unis le fossé entre les citoyens et le politique ne cesse de se creuser. Les citoyens désavouent les élites politiques, sourdes à leur réalité, à leurs frustrations. Afin d’obtenir un changement qui ne cessent de se dérober, certains semblent hélas prêts à tenter toutes les aventures.

A l’aune de cet avenir incertain qui oscille entre le pire et parfois le meilleur, la démocratie à l’école ne saurait être traitée comme une question mineure.

Chantal Massaer, Directrice

Infor Jeunes Laeken

 

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