Il nous avait promis le paradis, mais tout le monde le sait : l’enfer est pavé de bonnes intentions. “Exagéré”, me direz-vous. Nullement je le crains. C’est véritablement un été pourri qu’ont vécu certains étudiants.
Le Décret Marcourt s’était fixé comme objectif de favoriser la réussite notamment en ramenant la moyenne nécessaire à 50 %. En guise de réussite, certains étudiants se sont retrouvés avec une deuxième session incroyablement chargée. En cause, l’interprétation de certains établissements supérieures, qui exigeaient que tous les cours qui composent une unité de formation soient représentés en deuxième session si l’unité proprement dite n’était pas validée. Certes, fin juillet le Ministre Marcourt a dénoncé cette mauvaise interprétation et recadré les choses. Gageons toutefois que si les textes étaient plus clairs , si les arrêtés d’application et les circulaires avaient été produits, on en aurait pas été là !
D’autres questions subsistent également. Elles ont trait aux conditions de réussite. Les paramètres importants sont : l’année d’étude , le cycle d’étude ( Bachelier ou Master) et les crédits engrangés. En effet, chaque cours représente un nombre de crédits. Pour être en situation de réussite sur l’année , il faut avoir acquis 45 crédits minimum. La question se complexifie dès lors que vous avez échoué des années antérieures et qu’il s’agit de savoir si vous êtes encore finançable ou non.
A l’heure actuelle, la question de la finançabilité nourrit les pires cauchemars des étudiants, et laisse parfois les directions d’établissements supérieurs elles-mêmes perplexes. Chaque situation demande à être examinée individuellement, toutefois je vous invite à lire les articles consacrés à ce sujet dans ce numéro afin de connaitre les grands principes qui s’appliquent en cette matière .
Enfin, si vous vous réjouissez de la suppression de l’année préparatoire donnant accès à un Master, n’allez pas trop vite en besogne. A priori, l’on pourrait croire que cette simplification annoncée favorise l’accès à un niveau d’étude supérieure en supprimant des filtres à l’entrée. La réalité est toutefois plus complexe : je vous invite à la découvrir au fil de la lecture de ce numéro de Journal de Classe.
Il y a tout juste un an, nous écrivions que la technicité de cette réforme était telle qu’il était difficile d’en analyser à froid l’impact. Avec une année de recul , nous ne pouvons que constater que les arcanes de cette législation restent plus qu’opaques. A ce stade, l’intention de favoriser la réussite des étudiants est largement noyée par l’insécurité des textes. Ceux-ci demandent en urgence précision, et il y a lieu impérativement de dépasser un décret cadre afin de fixer les modalités d’application. Sans quoi, les décrets Marcourt et “finançablité” resteront dans l’histoire comme des synonymes d’ inefficacité et de troubles.
Il est important que la pédagogie de la réussite à laquelle le décret souhaite contribuer face pièce au sentiment d’arbitraire qui tend à s’installer .
Chantal Massaer, Directrice
Infor Jeunes Laeken