Tout le monde – ou presque – s’accorde sur un point : l’exclusion définitive est contre-productive du point de vue pédagogique. Pourtant, il s’agit là d’un moyen encore trop fréquemment utilisé par les écoles, et les faits reprochés sont bien souvent non proportionnés à la lourdeur d’une telle décision.

Sans en oublier les conséquences !

Le constat des acteurs de terrain est que l’élève au comportement “difficile” qui se fait exclure, transporte et reproduit, dans la majorité des cas, ses difficultés dans l’établissement suivant. Sans compter que l’exclusion définitive est pour beaucoup trop d’élèves le prélude du décrochage, voire de l’exclusion sociale pure et simple.

Le renvoi définitif ne peut se justifier que pour des motifs exceptionnels. Ceux-ci concernent des élèves qui se seraient rendus coupables de racket, de harcèlement ou de violence physique. Pour être légale la décision doit, notamment, être dûment motivée et s’appuyer sur des faits précis et concrets dont la gravité doit être clairement proportionnée à ce type de décision.

En fin d’année scolaire, il arrive que l’exclusion soit camouflée sous le doux euphémisme de « refus de réinscription ». En fait, il s’agit de la même chose! Le refus de réinscription est assujetti aux mêmes règles de procédure que n’importe quel renvoi définitif (notification par recommandé de la procédure, respect des droits de la défense via une audition, etc.)

Parmi les motifs implicites qui conduisent certaines écoles à exclure, nous avons constaté que des élèves -qui ne correspondaient pas au milieu social dominant de l’école- se retrouvaient parfois dans le collimateur de l’établissement au point d’en être finalement exclus. C’est le cas des élèves de milieu populaire, ayant obtenu grâce au décret inscription une place dans une école huppée et homogène socialement, et qui, à un moment donné, se voient poussés vers la porte de sortie en raison de leur “différence”. Il est à craindre (on espère que la réalité nous donnera tort !) que ce même type d’écoles utilise une méthode semblable envers les élèves dont les parents auraient demandé des aménagements raisonnables (pour rappel : le décret aménagements raisonnables impose aux écoles depuis septembre 2018 de prendre en compte les demandes faites pour les élèves dits à “besoins spécifiques”).

Venons-en à présent aux alternatives à l’exclusion. Pour ce faire, Infor Jeunes Laeken a été sur le terrain pour mener l’enquête : nous y avons découvert des acteurs – direction d’école et enseignant – qui ont accepté de témoigner de leur expérience.

Pour le coup, il s’agit d’un dispositif mis en place dans la province du Hainaut, à Chatelineau : l’Institut Sainte Marie y a créé un partenariat avec la structure d’accrochage scolaire (SAS), nommée L’Ecole Autrement, qui se situe juste en face de leurs bâtiments. Cette initiative pédagogique, originale et particulièrement pro-active, permet de (re)travailler autrement le rapport à l’école et au savoir. Les enseignants agissent comme des animateurs ou des facilitateurs, et les élèves co-construisent leurs connaissances. Un rapport gagnant-gagnant tant pour les élèves que pour les enseignants. Depuis sa mise en place, le nombre des exclusions définitives dans cette école y a diminué de façon spectaculaire.

Un reportage vidéo de cette aventure a été réalisé par Infor Jeunes Laeken, il est diffusé pour la première fois dans ce numéro de Journal de Classe. NB: cette première vidéo porte sur la méthodologie du projet, et son explicitation par les pédagogues. Une deuxième vidéo suivra, qui mettra en valeur la parole des jeunes et leurs vécus de cette expérience.

Une expérience qui pourrait en inspirer d’autres, et faire tache d’huile. Parfois, c’est bon de rêver.

Eric Bruggeman

Infor Jeunes Laeken

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