imagesLe Décret Inscriptions a pour but de permettre aux familles de choisir leur école secondaire, et non l’inverse.

Mais qu’advient-il de ceux qui n’ont pas eu le CEB à la fin de la 6e primaire ? Certains recommenceront éventuellement une 6e primaire, mais la majorité ira dans une 1e année différenciée..

Or, le décret ne prend pas en compte les classes différenciées. Il ne prévoit d’attribuer une place aux élèves qu’en 1e année commune. C’est-à-dire celle pour laquelle il faut impérativement avoir obtenu le CEB (diplôme d’école primaire) pour y accéder.

Prenons un exemple concret : les parents de Kevin ont accompli les démarches dans les temps. Ils ont déposé le formulaire unique d’inscription entre le 15 février et le 4 mars dans l’école de leur premier choix, après l’avoir complété comme il se doit. Et, youpie ! Dans les semaines qui suivent, ils reçoivent une confirmation écrite que Kevin est bien inscrit dans l’école de leur premier choix. C’est super, d’autant qu’il n’est pas évident de se voir attribuer l’école de son premier choix !

Mais voilà, Kevin peine depuis le début de sa 6e dans ses apprentissages. Il n’a guère le moral, et des difficultés familiales ont pesé lourdement sur son état d’esprit et sa santé durant toute l’année. Si bien que Kevin n’obtient pas son CEB le 30 juin à la fin de sa 6e. C’est la “cata” car cela signifie que Kevin devra s’inscrire en 1e différenciée (il ne peut pas doubler sa 6e primaire). Or, l’école de son premier choix – Notre-Dame des Angelots – n’organise que des classes communes, pas de différenciée ! Les parents et leur enfant sont donc désemparés. Ils doivent à présent faire une recherche pour trouver une nouvelle école, qui organise des classes différenciées pour pouvoir inscrire finalement leur fils..

Une telle situation est malheureusement fréquente. Et les médias n’en parlent quasiment jamais.

La difficulté réside dans le fait, non seulement que les parents devront à nouveau effectuer une recherche d’écoles, mais que les écoles qui organisent des classes différenciées ne constituent que la moitié des établissements en région bruxelloise. Pourquoi ?

Car les établissements secondaires n’ont pas obligation de créer des classes différenciées. Celles-ci ne sont organisées par les écoles que sur base volontaire. En conséquence, un nombre significatif d’établissements ne le fait pas car cela leur permet par ce biais-là de sélectionner leur public.

En effet, le système scolaire étant hélas un quasi-marché, ne pas proposer des classes différenciées dans leur offre de formation permet à certaines écoles de maintenir un positionnement élitiste qui répond aux attentes de familles soucieuses de préserver “l’entre-soi” au sein du système..

En ne prenant pas en compte la problématique des classes différenciées, le Décret Inscription contribue ainsi à accentuer par ce biais-là (mais ce n’est pas le seul biais !) le manque de mixité sociale et d’égalité des chances qui caractérise encore aujourd’hui notre système scolaire. Effet paradoxal : puisque l’accroissement de la mixité sociale et l’égalité à l’entrée du secondaire font partie des finalités majeures du décret.

Bilan : trop souvent encore, ce sont les écoles qui sélectionnent indûment leur public. Ce qui n’est pas acceptable, et, en tout état de cause, totalement contraire aux objectifs du prescrit légal.

Eric Bruggeman

Infor Jeunes Laeken

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