La campagne Marguerite compte à son actif cinq printemps. Eh oui, le temps passe vite, cela fait déjà cinq années que nous battons le pavé, que nous bravons le froid, la pluie, afin de remplir nos missions d’information.
Nous en avons la conviction : l’espace public reste un lieu stratégique et privilégié pour favoriser l’apprentissage et l’expression de la citoyenneté.
Si nous voulons toucher les publics de milieux populaires, ainsi que des classes moyennes, il demeure impératif de proposer une information proactive. Présents durant plusieurs mois sur les marchés, à la sortie des écoles ou en proposant des apéros-urbain sur le thème de l’école de la réussite, nous allons au devant du public. Si cet effort ne peut être relâché, il est clair qu’il porte ses fruits. Plus de jeunes et de parents sont réellement informés, tandis que nous développons une plus grande expertise.
Forts de celle-ci, nous avons pu faire connaître la réalité des milieux populaires aux médias. En effet, l’on peut constater sans fausse modestie que c’est à partir de la diffusion de notre caméra cachée, au printemps 2010, que les médias son sortis de leur unanimisme. Progressivement, l’inégalité à l’école, l’arbitraire, voire la discrimination à l’inscription, ont trouvé écho dans la presse. En 2013, notre action d’inscription symbolique de « Marie-Dounia » à Saint André a fait le buzz. Celle-ci a été immortalisée à travers une vidéo, qui illustre in vivo les irrégularités en cours dans cet établissement.
S’il est clair que cette action a eu un large retentissement et a provoqué à l’époque beaucoup d’émois, où en sommes-nous aujourd’hui ? Force est de constater que deux ans plus tard, l’institut Saint André persiste dans ses pratiques. A qui la faute ? Comment diable, cela est-il possible ? Faudra-t-il s’en remettre à Dieu et à ses saints pour que cesse l’inacceptable. N’hésitez pas à poser la question à Joëlle, filmée en train de se recoiffer le moral : elle vous répondra..
Quoi qu’on en dise, le Décret Inscriptions reste encore au cœur d’une lutte politique et idéologique intense. La Ministre l’a annoncé : le décret sera modifié. Dans cette optique, ce n’est certes pas un hasard si en commission de l’enseignement, les parents qui se sont fait entendre sont tous issus de milieux favorisés, et plaident pour moins de régulation. Faire entendre la parole des milieux populaires fait encore enjeux.
Curieusement, lorsque la COPI (*) fait le constat que le Décret Inscriptions n’a pas généré suffisamment de mixité sociale, elle « oublie » de pointer le fait que le Décret ne concerne que les jeunes qui entrent en première commune ! On se trouve devant un paradoxe complet : le Décret qui fait vœux de mixer les publics, omet d’emblée de s’adresser aux jeunes qui n’ont pas décroché le CEB. Hors, il est de notoriété publique que les jeunes qui fréquentent le différencié, proviennent pour l’essentiel de milieux modestes. On ne peut que déplorer le fait que s’inscrire en première différenciée s’avère plus difficile que de s’inscrire en première commune. Pour l’avenir, il nous paraît crucial que le Décret s’applique à toutes les premières secondaires. Toutefois, il faut remarquer que cette revendication n’est que peu relayée.
Par contre, les critiques relatives à l’application de critères géographiques ont rencontré un large écho. Sans jouer les oracles, il nous paraît acquis que, dans un futur proche, ceux-ci seront supprimés et ou modifiés. Certains plaident pour que se substituent aux critères géographiques des critères dits pédagogiques. Prônant la continuité pédagogique, ils souhaitent favoriser l’adoption de conventions pédagogiques entre des écoles primaires et des écoles secondaires. Ne soyons pas dupes : par ce biais, c’est l’adossement qui revient par la fenêtre. Hors, lorsque cette priorité était de mise, elle freinait la mixité sociale.
Selon la COPI, impulser une réelle mixité sociale nécessite le déplacement d’environ 16 % de la population scolaire de première secondaire. Afin d’approcher cet objectif la FAPEO plaide pour l’adoption de double quotas et d’un indice socio-économique personnalisé. Je vous invite, afin de mieux cerner ces propositions, à lire l’analyse approfondie du décret, rédigée par la FAPEO. Vous retrouverez celle-ci dans ce numéro de « Journal de Classe ».
La Marguerite compte à son actif cinq printemps – cinq floraisons -, elle est devenue symbole de résistance contre un système scolaire dual. Gageons qu’elle continuera à pousser et à renaître afin d’essaimer plus d’égalité, de réussite et de bonheur !
Le Décret inscriptions est appelé à se transformer. Nul doute que le collectif Marguerite sera toujours et encore sur la brèche : actif, combatif, et créatif !
Chantal Massaer, Directrice
Infor Jeunes Laeken
(*) Commission de Pilotage de l’enseignement