29523418-illustration-toothy-white-shark“Décret inscriptions : cétacé !”, s’exclame Joëlle. Mais non, faut pas flipper, pas jeter le bébé avec l’eau du bain !

Amusés par les bévues de Joëlle Milquet en matière de communication, un brin potaches, avec un clin d’oeil au surréalisme à la Belge, nous allons plonger avec ce nouveau numéro de « Journal de classe » en eau trouble.

Aujourd’hui encore, trop de parents maîtrisent mal le décret et naviguent à vue.

C’est pourquoi inlassablement depuis cinq ans, nous continuons avec le Collectif Marguerite et le bus du délégué général au droit de l’enfant de sillonner les marchés de Bruxelles. En matière d’information, des inégalités subsistent. Alors que certains parents se livrent à des calculs savants relatifs à l’indice composite, d’autres issus des milieux populaires découvrent les arcanes du décret et l’impact de l’indice socio-économique faible sur le calcul de leur priorité.

L’information fait toujours enjeu dans cette problématique. C’est pourquoi vous trouverez dans ce dossier des articles factuels qui expliquent le décret, mais aussi, notamment, une vidéo parodique de Joëlle Milquet. Celle-ci, agréablement installée au restaurant, discute tranquillement avec un ami. Ce dernier lui confie les difficultés qu’il a rencontrées pour inscrire sa fille Lola en première année du secondaire. Dans un premier temps, ce sont les bulletins de 5 et 6ème de sa fille qui n’ont pas semblé convaincants aux yeux du secrétariat. Enfin après avoir dû s’expliquer sur sa motivation, le papa de Lola s’est vu imposer un test de culture générale. On lui a demandé à quelle famille appartenait le dauphin. Et le papa de s’exclamer : “A une bonne famille…” Celle des poissons. Sa réponse n’a pas plu. Il s’est fait signifier sèchement «qu’on ne nageait pas tous dans le même aquarium !» Est- ce bien normal ?

Depuis des années déjà nous n’avons de cesse de revenir sur les pratiques ou manœuvres dilatoires utilisées afin de décourager certains parents. A cet égard, l’observation des journées portes ouvertes peut s’avérer édifiante. Nous vous en proposons par ailleurs certains morceaux choisis. Certains directeurs utilisent les filières et les options comme des filtres, et ce de manière explicites ou non. D’aucuns vont mettre en évidence le latin ou le grec, et passer sous silence les sciences sociales. Ils vont également expliquer que leur objectif est de mener les étudiants vers des études supérieures. D’autres vont clairement inviter les parents à inscrire leur enfants dans une autre école, au motif que l’avenir de leur enfant se profile dans l’enseignement technique et/ou professionnel. Ce faisant, ils font l’impasse sur le fait que le premier degré constitue un tronc commun, un moment de transition, qui doit permettre des choix ouverts. En revanche, leur attitude vient renforcer les déterminismes sociaux et les orientations corrélées à l’origine socio-économique de la famille .

Dans le même esprit, un directeur déclare, sans ambages, durant ces journées qu’il ne pourra amener vers la réussite en rhéto des enfants qui n’ont décroché leur CEB qu’avec 50 ou 60 % de moyenne ! Cette allégation est claire et effrayante à la fois. Il appartiendra à d’autres de tenter de mener ces enfants là vers la réussite et vers un avenir scolaire. Cette tâche ne lui incombe donc manifestement pas !

Est également évoqué le strict respect des valeurs chrétiennes (sans que ne soient explicitées celles-ci) comme motif pouvant amener l’école à se séparer d’un élève.

Curieux accueil que celui qui consiste, avant même l’inscription d’un élève, à profiler son exclusion. Rappelons toutefois que les exclusions sont régies par la législation, et non par des textes religieux..

Comme nous le pressentions, « l’accueil » de nouveaux élèves dans certaines écoles peut participer de la cooptation et/ou de la sélection pure et simple ! Nombres d’opposants au décret décrient les mécanismes de régulation des inscriptions au motif que ceux-ci transformeraient l’acte d’inscription en un acte purement administratif, voire bureaucratique. L’un des détracteurs bien connu du décret, explique sans fard, lors de journée “portes ouvertes” que – si tout se passe bien – il ne sera amené à voir les parents que quatre fois sur l’ensemble du cursus secondaire.. Cherchez l’erreur.. Où est passer le dialogue famille-école si cher à ses yeux ?

A l’heure où le vivre ensemble est en difficulté dans nos sociétés, il nous apparaît que l’école ne peut faire l’impasse sur la mixité sociale. En effet, celle-ci constitue un antidote contre les replis communautaires et les ghettos de tous ordres. Cet objectif de mixité sociale qui est l’ADN du décret reste trop frileusement porté. Nous devons tout faire pour renforcer cette priorité. A cet égard, l’annonce faite par la Ministre de l’enseignement, visant à réintroduire des conventions pédagogiques entre écoles, est inquiétante. Car les parents qui auront fait les bons choix dès le primaire seront prioritaires. Hors, l’on sait pertinemment bien que les parents des classes moyennes sont mieux outillés pour anticiper leur choix et pour planifier la scolarité de leurs enfants.

Chantal Massaer, Directrice
Infor Jeunes Laeken

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