Animation : FAPEO (Véronique De Thier et Joëlle Lacroix) et le CEDD de Bruxelles (Véronique Marissal et Kaïs Mediari) 

fapeo      cedd

Objectif de l’atelier : réfléchir et identifier  comment, avec qui et où, les parents peuvent devenir acteurs de changement

3 moments-clés pour les parents peuvent être retenus dans leurs rapports avec l’école :

–         Avant lentrée à lécole;

–         Au moment de l’inscription;

–         La vie dans l’école.

Deux postulats sont mis en exergue :

–         D’une part, lidée selon laquelle les parents seraient démissionnaires. L’objectif étant alors d’arriver à ce que tous les parents soient préoccupés par l’avenir et le bien-être de leurs enfants (obstacles liés à l’articulation des différents temps de la journée, la non-maîtrise des codes, le vécu, etc.)

–         D’autre part, lidée dinfantilisation des parents. Or, il ne faut pas « éduquer » mais bien « accompagner »,  « outiller », « donner les moyens de… », etc.

La première question concrète était de savoir comment les parents peuvent lutter contre les discriminations «avant linscription».

Ceux-ci doivent être en mesure d’être pleinement informés afin qu’ils puissent faire de réels choix. Précisément, cela passe par une information claire et précise des parents sur l’ensemble du processus d’inscription. Il y a aussi nécessité d’établir un cadastre des places disponibles en temps réel. Une organisation comprenant une seule procédure d’inscription tous réseaux confondus serait également la bienvenue.

Enfin, les écoles devraient informer les parents, en séance collective, à la limite par niveau d’enseignement ou en fin de cycle. Il conviendrait d’expliquer les règles du jeu de la scolarité  tant au niveau des structures, des systèmes (les niveaux, les réseaux, l’ordinaire, le spécialisé, les acteurs, les évaluations, les transitions) qu’au niveau des écoles (projet éducatif, projet pédagogique, projet d’établissement, les valeurs, les règles, les pratiques, les projets, les infrastructures, etc.).

Par ailleurs, il serait judicieux que les projets d’établissement, éducatif et pédagogique soient présentés aux parents lors de séances spécifiques de questions/réponses.

Enfin, un travail en partenariat est évidemment souhaitable car si les parents ne vont pas vers les informations, il faut que les informations aillent à eux et ce, grâce à différents acteurs tels que les associations de 1ière ligne (AMO, CPMS, Maisons de Jeunes), les parents-relais ou encore avec les traducteurs.

D’autre part, il est nécessaire de penser à réunir les parents dans des lieux tels l’ONE, les crèches, les pré-gardiennats. Des mesures concrètes peuvent être prises pour améliorer l’impact de ces réunions : production d’outils de communication autres que des écrits, des formations pour les directions d’écoles primaires afin de les aider à expliquer la procédure d’inscription en 1ière secondaire, etc.

Par ailleurs, il s’agit également d’informer et de convaincre les parents qu’ils ont le droit de poser des questions sur l’école et sur les pratiques et politiques discriminantes, d’interpeller les autorités. L’idée centrale est de rendre les parents acteurs, de les sortir d’une posture de bénéficiaire passif ou de victime. Il faut que les structures se modifient et que les parents soient demandeurs de changement et interpellent le monde politique.

Enfin, mettre les associations en réseau et clarifier les rôles de chacun. On constate une multiplicité des acteurs de terrains dont les initiatives s’entremêlent parfois, créant une grande dispersion d’énergie.

Comme on a pu le constater, la lutte contre la discrimination envers les élèves dans l’enseignement peut être combattue si les différents acteurs concernés travaillent et construisent ensemble des solutions concrètes.

Une autre problématique était de savoir comment les parents pouvaient lutter contre les discriminations « pendant la procédure dinscription » ?

Il est nécessaire d’expliquer aux parents l’importance des documents administratifs scolaires, mais aussi de les rendre plus accessibles en les explicitant.

De plus, il faut insister sur l’existence du document « attestation de refus d’inscription » et sur la nécessité de l’exiger à l’école, car bien souvent, celle-ci va jusqu’à nier son existence.

Il faut garder à l’esprit qu’un accompagnement des parents en difficulté face à l’institution scolaire est possible, par les acteurs associatifs. Toutefois, soulignons qu’il s’avère parfois difficile pour ces associations à entrer dans l’école alors que les associations de parents y ont accès tout de même plus facilement et sont présentes, quand tout va bien, au Conseil de Participation.

Concernant ces acteurs, une définition de leur rôle dans un contexte de multiplicité des dispositifs de proximité (services de travailleurs sociaux de 1ière ligne) et institutionnel comme la Direction Générale de l’Enseignement Obligatoire (D.G.E.O) est nécessaire.

Les écoles doivent veiller à créer un site complet d’information réellement accessible à tous et permettre aux parents qui inscrivent leur enfant de rencontrer d’autres parents dont les enfants fréquentent déjà l’établissement. L’inscription ne doit pas être une « simple » formalité administrative. Enfin, la mise en place d’un processus d’inscription centralisé indépendant des écoles, via une structure administrative spécifique devrait être créée.

Les parents peuvent également lutter contre les discriminations « quand les enfants sont dans lécole».  Pour cela, les parents doivent être informés des ressources et droits dont ils disposent. Des travailleurs de l’associatif peuvent accompagner les parents au sein de l’école, mais  ceux-ci y sont parfois mal perçus.

Les associations de parents, quand elles existent, peuvent également jouer un rôle à travers l’action collective mais elles connaissent des difficultés liées à leur représentativité. Un des enjeux, est en effet, effet d’identifier les problèmes individuels afin de de les traduire éventuellement en problème collectif.

Le Conseil de Participation est également à investir. Les travailleurs sociaux et les parents doivent y être bien représentés. Il est nécessaire de bien informer ces derniers quant au règlement, droits, matières sur lesquelles ils peuvent poser des questions.

Enfin, il pourrait être créé un système des « parents-relais » à savoir des parents qui informent des autres parents. Il existe déjà quelques parents délégués de classes

En plus d’une bonne information, les écoles doivent changer et s’ouvrir. Cela commence avec un soutien de la parentalité.

L’école peut également organiser des échanges culturels et ouvrir les portes de l’école en dehors des temps scolaires pour permettre aux parents d’échanger, de discuter, de « s’auto-former » le soir ou les week-ends. Ou encore, rencontrer les parents en dehors des réunions de parents classiques « pour entendre ce qui ne va pas avec son enfant ».Finalement, cela aboutit à utiliser les infrastructures scolaires comme des lieux de vie.

Pour ce qui concerne plus spécifiquement les devoirs des élèves, un échange entre l’établissement scolaire et les écoles de devoirs ou encore des parents volontaires afin de soutenir les élèves, devrait être instauré. Des projets de tutorat peuvent également être développés avec l’aide d’élèves eux aussi volontaires. Les heures de remédiation seraient données pendant les heures de classe, et prévues dans la grille horaire.

Certains élèves rencontrent des problèmes plus spécifiques lors de leur scolarité. Pour y remédier, il conviendrait d’organiser des équipes multidisciplinaires dans les écoles et ainsi intégrer dans le temps scolaire la visite de les spécialistes qui pourraient soutenir les élèves, les parents et les enseignants : logopèdes, ergothérapeutes, etc.

Enfin, en cas de dissension entre les élèves et l’école, des médiateurs scolaires, réellement neutres et indépendants exerceraient dans toutes les écoles secondaires, voire même fondamentales.

Pour conclure, l’atelier s’est posé la question de savoir si les associations des parents pouvaient être des moteurs de changements. A cette question, une réponse positive a pu être donnée à travers deux exemples existants à Bruxelles. Premier exemple : dans une école communale, l’association de parents est née du constat d’une pratique de discrimination organisée au moment de l’inscription. Dans cette école, il existe deux implantations, chacune accueille un public ciblé socio-culturellement. Les parents bien informés demandent à être orientés vers l’implantation qui a meilleure réputation (les classes d’élite). Quant à eux, les parents qui ne sont pas informés ou semblent passifs ne se voient pas proposer de choix. L’association des parents a mis cette discrimination en avant auprès du Pouvoir Organisateur. Il a été tellement surpris de la solidarité de ces parents et de leur action forte que l’association de parent a gagné en crédibilité. Elle est devenue une force et un véritable acteur. L’élection de deux parents au sein du Conseil de participation est prise au sérieux. Ils sont invités à prendre la parole et non pas à se taire : les parents questionnent.

Deuxième exemple : une autre association des parents est née à l’occasion de la création de la nouvelle école « Marguerite Yourcenar » en juin dernier. Des parents paniqués à cause du manque de place dans les écoles secondaires ont fait le pas d’inscrire leur enfant dans cette nouvelle école sans réputation. Tout y est nouveau jusqu’au projet pédagogique qui s’appuie sur la pédagogie active. Pour en savoir plus, les parents se sont vite aperçu qu’ils allaient devoir en parler ensemble et qu’il fallait construire une stratégie de communication. La mobilisation des parents a été plus importante dans les classes où, le jour d’une réunion de parents par classe, des parents ont parlé aux parents en direct, dans leur langue éventuellement. Le seul courrier d’information officiel. La plupart des parents sont réceptifs à cette manière de fonctionner.

Web : http://www.fapeo.be/  et  http://www.dorifor.be/organisme/cedd-coordination-des-ecoles-de-devoirs-1920.html 

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