Dernier rempart de ma liberté, l’écriture.
Puisque l’ont m’a tout pris même l’air que je respire, puisque je n’ai plus de vie, de travail, d’études, de famille.
Puisque je dois passer mes journées à les passer, j’écris.

Je sors de moi cette fureur, ces larmes que je dois faire taire, cette incompréhension, cette pression, cette peur, l’injustice qui me ronge, qui grignote tout espoir en moi, car oui l’injustice grandit de jour en jour.
L’écart entre nous et les grands est de plus en plus important.
A qui profite cette folie? On parle de gens qui l’auraient provoqué, on parle de coups montés, d’une belle façon de nous muselés, comme des chiens, des animaux, qui n’ont pas le droit de parler, pas le droit de l’ouvrir mais juste de suivre, la masse, la masse terrienne  immonde et inhumaine, sans compassion, sans empathie, presque sans vie.

Nous étions déjà depuis longtemps éloignés les uns des autres, dans notre petit cocon virtuel, cruel et artificiel mais là nous sommes au sommet.
Au sommet de l’ego, du moi d’abord.
Au sommet de l’immondice, du crime, du vice, et pour ceux qui le voient la vie en devient un supplice.
Nos vies sont régies par la terreur, depuis longtemps nos très chers médias aident à propager la peur que se soit à 10, 13,19, ou 20 heures ils nous montrent comment nous devons nous comporter et nous dictent nos libertés. De respirer, de sortir manger, sortir danser, de rêver dans un théâtre, ou de juste bosser pour vivre ou survivre mais en tout cas avoir l’impression, l’impression de normalité, de juste pouvoir se défouler, chanter, courir, rire, crier.

Mais on nous dit que les ordres viennent d’en haut, toujours plus haut, qu’au final personne ne sait plus vraiment qui il suit.
Serait-ce l’état, les partis, les dirigeants, les multinationales ou bien juste l’argent.
Ce dieu suprême de notre monde, celui qu’on a tous en adoration. Celui qui n’a aucune compassion aucune raison, qui est fou de lui même qui a déjà bu tant et tant de sang de ses fidèles, ceux qui le cherchent et qui ne le trouvent pas, et cette panique qui au moindre problème nous gagne tous, nous qui nous croyons si supérieurs, il suffit d’un rien pour nous faire flancher, nous donner la peur de l’autre, nous éloignés, nous faire changer de trottoir quand on se croise, nous isolés dans nos petites cases.

Moi j’ai arrêté de me poser des questions, c’est peut-être ce qu’ils veulent après tout qu’on arrête de penser. La seule chose qui me reste la nuit avant de dormir est cette furieuse envie de vie, cet instinct primaire qui vient avec l’obscurité de la nuit. Je n’ai pas envie d’obéir, je n’ai pas envie d’être enchaînée, enfermée, je n’ai pas envie de la fermer. J’ai envie de monter sur scène, de chanter, danser, crier ma liberté. J’ai envie que tout ce monde endormis là dehors se réveille. Ouvre ses oreilles, enlève ses écouteurs, lève les yeux de son écran et regarde le monde tel qu’il est.

La folie de la consommation, de la croissance, toujours plus, économie européenne, marché mondiale, import, export, les océans croulent sous le poids de nos cargos. Le ciel étouffe de nos achats Amazon, et personne n’arrête cette transe, d’autres s’emparent du peu de pouvoir qu’on leur donne et en abusent, la jungle de l’horreur, si tu sors, tu payes, si tu respires, tu payes, si tu fait autrement tu payes, au final on y revient toujours à l’argent.

Mais « nous sommes tous dans le même bateau «  peut-être bien mais nous sommes pas au même étage, ça me fait bien rire ceux qui racontent leurs « difficultés » du premier confinement dans leurs grandes maisons quatre  façades, avec vos frigos remplis, vos abonnées Netflix et votre home cinéma, non je n’ai rien eu de tout ça et beaucoup d’autres comme moi, on soufferts, d’autres sous les coups de leur conjoints, d’autres seul, isolés, d’autres affamés avec un loyer à payer.  Nous sommes les délaissés de ce système.

Panagiota Theofilopoulou – 21 ans

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