Dans le courant du mois de novembre, Infor Jeunes Laeken vient d’adresser aux Parlementaires une lettre d’interpellation cosignée par 10 associations de terrain du secteur de la jeunesse. Objectifs : premièrement, faire part des situations illégales et/ou liberticides subies par les jeunes et rapportées par ceux-ci auprès de nos services. Deuxièmement, susciter une réaction suite à l’inertie et au silence des députés depuis le début de cette crise covid.

En effet, tout se passe comme si le Parlement avait abandonné le rôle qui lui est dévolu dans le cadre de l’état de droit (notamment le contrôle politique du gouvernement, par l’interpellation des ministres, le droit d’enquête, etc.), laissant ainsi toute la place dans la gestion de la crise à l’exécutif et aux experts. Les pouvoirs spéciaux ne justifiant rien en l’espèce, puisque les mesures limitant les libertés individuelles ont été prises sans s’appuyer sur ceux-ci.

Les associations s’inquiètent, et à juste titre. Car la politique mise en oeuvre aujourd’hui est résolument anti-jeunes ou, pire encore, elle ne fait aucun cas de la situation et du vécu des jeunes si ce n’est pour faire d’eux bien commodément les responsables de la propagation du virus. Ce qui permet à nos gouvernants de masquer à bon compte leur impéritie dans la gestion de la crise.

6 députés ont répondu à notre lettre. Certains nous ont confié qu’ils partagent notre vision des choses, mais qu’en dépit de leurs efforts pour convaincre, il est très compliqué dans le contexte actuel particulièrement sensible de faire émerger un point de vue alternatif. D’autres estiment que la position actuelle du Parlement est préférable, selon eux, en raison du caractère extrême et inédit de la crise sanitaire. 6 réponses. Et les autres ? Se taisent dans toutes les langues…

Résolus à ne pas en rester là, nous avons organisé le 27 novembre un webinaire intitulé “L’état de droit dans tous ses états”. Des académiques, spécialistes du droit, sont intervenus à l’occasion de ce webinaire. Anne-Emmanuelle Bourgaux (professeur de droit à l’UMons et à l’ULB) a mis le focus sur les droits des jeunes dans le cadre du covid. Une intervention particulièrement instructive et revigorante dans une période où les jeunes sont trop souvent pointés du doigt et désignés comme bouc-émissaires.

Autre intervenant : Nicolas Thirion, professeur de droit à l’ULG, qui a analysé de manière fine et critique les failles et les incohérences des arrêtés “corona” ainsi que la position actuelle de notre Parlement, soulignant le risque que représente pareille posture pour la démocratie.

Ces interventions ont été ponctuées de séquences artistiques sous forme de slams. En effet, Infor Jeunes Laeken a produit dès la 1e vague covid des slams qui expriment les vécus et les réflexions de jeunes face à la crise et à la société de contrôle qui s’est renforcée avec elle. Rappelons que le slam est une poésie urbaine rythmée librement. Pour le coup, ces slams ont été interprétés par le comédien Thomas Lincks.

Sur la même ligne d’action, Infor Jeunes Laeken a introduit, avec la Ligue des Droits Humains et quelques autres associations de terrain, un recours auprès du Conseil d’Etat mettant en question la légalité des arrêtés “corona”. Des auditions au CE ont déjà eu lieu, et nous sommes pour l’heure en attente de la décision finale.

D’autres initiatives sont également en cours, certaines d’entre elles viennent d’aboutir. C’est le cas du concours d’écriture pour et avec les jeunes que nous avons lancé et dont vous trouverez les textes des lauréats dans ce nouveau numéro.

Autant de projets qui viennent soutenir les jeunes et leurs droits. Car, faut-il le rappeler ? – les jeunes ne sont pas le problème. Ils sont la solution.

Eric Bruggeman

Infor Jeunes Laeken

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