exclusionC’est avec beaucoup d’inquiétude que nous constatons que pour certains élèves la  recherche d’une école  s’apparente à la quête de l’inaccessible étoile. Si l’absentéisme et le décrochage scolaire font l’objet de nombreux commentaires, il semblerait que les langues peinent à se délier lorsque l’école se dérobe. En effet, l’obligation scolaire est une obligation qui doit aussi, nous semble-t-il, pouvoir s’imposer à l’école !

Depuis le mois de janvier, nous constatons une recrudescence d’exclusions scolaires qui entraîne dans son sillage une déscolarisation plus ou moins longue de jeunes souvent mineurs. La législation prévoit que l’école qui exclut doit aider le jeune à retrouver une place.

Dans les faits, cette aide se borne trop souvent à fournir au jeune, une liste d’écoles susceptibles de l’accueillir, ainsi que les coordonnées de la commission zonale qui pourrait lui retrouver une école.

Un premier constat s’impose : les commissions zonales, qui sont au nombre d’une par réseau, nous disent être débordées de demandes, et en difficulté d’offrir un accompagnement personnalisé.

Pour les parents, c’est un véritable chemin de croix qui s’ouvre sous leur pas. Un papa, nous confiait récemment avoir été très mal reçu  par la commission zonale de son réseau qui refusait de l’aider, au motif que son fils âgé de 14 ans était irrécupérable !  Ce même Papa est renvoyé  de Charybde  en Scylla : il a sollicité le PMS, l’Inspection, de nombreuses ASBL, mais en vain. Il s’est présenté dans plusieurs écoles sans succès. Afin de faire pour un mieux , il a engrangé quatre à cinq attestations de demande d’inscription ;  à certains moments,  il s’est heurté au mépris et à l’incompréhension, tout cela en pure perte. Son  fils, exclu depuis le 20 février,  n’a à ce jour toujours pas réintégré l’école. Est-il utile de préciser qu’il va mal  et que toute sa famille subi un stress très important..

Ce cas, certes particulièrement aigu, n’est malheureusement pas exceptionnel. Si, en moyenne, les jeunes exclus que nous avons rencontrés,  mettent une dizaine de jours avant de retourner à l’école, d’autres restent pendant des semaines voire des mois chez eux.

A-t’on l’intention de  laisser se  développer une génération d’intermittents de l’école ? Les dégâts occasionnés par la déscolarisation momentanée ou prolongée de jeunes souvent fragilisés sont inestimables. Quand ceux-ci se doublent d’une injustice, ils sont de natures à rompre le lien social.

En effet, dans tous les cas, ne pas fréquenter l’école, changer d’école durant l’année, est périlleux. Mais, s’il s’avère que l’école n’a pas respecté les droits des jeunes en prononçant une sanction disproportionnée, en ne respectant pas les droits de la défense ou  en refusant une réinscription au mépris de la loi, c’est la légitimité et la crédibilité de tout un système qui sont mises à mal .

Il nous paraît dès lors urgent de faire droit à deux revendications, qui permettraient non de solutionner le fond du problème, mais d’en éviter les aspects les plus néfastes. Un : tous les recours devraient être traités en externe par une instance unique au sein de la Fédération Wallonie Bruxelles. Deux :  le recours, pour être efficient, devrait avoir un effet suspensif .

Chantal Massaer – Directrice

Infor Jeunes Laeken

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